Des solutions existent pour augmenter les chances de réussite de votre projet de reprise d'entreprise.
Témoignage de Lisa Nakam, Directrice générale associée de Jonak, marque française de chaussures pour femmes.
Transmission des savoir-faire, optimisme, résilience, confiance… Les entreprises familiales affichent une longévité plus importante que les autres. Lisa Nakam, Directrice associée de Jonak, marque française de chaussures pour femmes et petite fille du fondateur de l’entreprise, livre les clés d’une aventure familiale réussie.
L’entreprise familiale : une vision et des valeurs communes
Lisa Nakam fait partie de la troisième génération à la tête de Jonak. L’entreprise a été fondée en 1964 par Marcel Nakam, puis reprise par son fils Joseph, avant que ses deux enfants, Lisa et son frère, également nommé Marcel, reprennent les rênes de l’entreprise en 2012. Très tôt, Lisa a su qu’elle rejoindrait l’aventure familiale. Ses ambitions sont claires : faire grandir et rayonner la marque tout en restant fidèle à ses valeurs que sont l’amour du produit, l’innovation et le désir de proposer un prix juste.
Pour Lisa, travailler en famille comporte plusieurs avantages. Tout d’abord, une vision et des valeurs communes dans lesquelles les membres de la famille croient et s’engagent et qui constituent les fondations de l’entreprise. Ensuite, la capacité à communiquer facilement et librement : “Il n’y a pas de biais à dire ce que l’on pense et surtout, ce que l’on ressent. On a le droit de parler d'émotions et de sentiments, de partager les choses du cœur. » affirme la jeune femme.
Mais la force de Jonak réside surtout dans sa capacité à trouver l’équilibre, avec des rôles et des responsabilités bien définis. Chez Jonak, Lisa est responsable de la stratégie digitale et l’internationalisation et Marcel est en charge du commercial, de l’informatique et du financier. Joseph Nakam, quant à lui, est le PDG et supervise les collections. « Lorsque l’on a trouvé l’équilibre, il n’y a rien de mieux que de travailler en famille ! On partage les joies et les difficultés avec nos proches, de manière spontanée et sans masque. »
Aujourd’hui, la petite boutique de Saint-Germain-des-Près, ouverte par Marcel et sa femme Josette il y a près de 60 ans s’est transformée en une entreprise à succès qui a su parfaitement faire converger monde physique et digital. Jonak vend entre 500 000 et 1 million de paires de chaussures par an et compte environ 100 points de vente en France et à l’international.
Anticiper les défis
Travailler avec ses proches est une aventure séduisante qui n’est pas exempte de risques. La dimension émotionnelle due aux liens du sang, les potentielles rivalités et la coexistence de plusieurs générations sont susceptibles de déstabiliser l’entreprise et nuire à son fonctionnement. Les membres d’une même famille doivent apprendre à faire rimer leurs relations personnelles et professionnelles, à mettre de côté l’affectif dans la prise de décisions et à faire preuve d’écoute et de bienveillance. « L’un des pièges est de considérer qu’en connaissant ses proches, on connaît également leurs opinions et décisions au travail. Les traits de caractères personnels peuvent être différents au bureau. Il faut veiller à laisser tout le monde s’exprimer. » explique Lisa.
Au moment de la transmission, la nouvelle génération doit réussir à conserver les savoir-faire de l’entreprise tout en lui apportant un souffle nouveau. « Vouloir tout changer c’est prendre le risque de perdre l’ADN de l’entreprise. Il faut conserver le positif de chaque génération, et s’en servir pour le futur. » ajoute-t-elle.
Chez Jonak, l’anticipation et la communication sont des règles essentielles pour garantir l’harmonie familiale sur le long terme. « De manière générale, je déconseille les duos à parts égales. Former un trio, ou envisager un pourcentage de déséquilibre permet d’avoir une supériorité numérique ou une tierce personne décisionnaire qui tranchera en cas de divergence. » confie Lisa. Et pour concilier vie personnelle et professionnelle, la jeune femme a quelques astuces : ne pas parler de travail en dehors du bureau, ne pas inclure tous les membres de la famille dans l’aventure entrepreneuriale ou encore s’imposer des temps de déconnexion pour passer des moments de qualité avec ses proches.
Rejoindre l’aventure familiale : quelques conseils clés
A tous ceux qui seraient tentés de rejoindre l’aventure familiale, Lisa Nakam propose de prendre quelques précautions pour garantir la cohésion familiale, la croissance et la pérennité de l’entreprise.
Partager sa vision et ses objectifs
Pour s’assurer de la convergence des aspirations de chaque membre de la famille impliqué, un temps d’échange autour des objectifs doit avoir lieu en amont. « Il faut être aligné sur ses objectifs de sortie : est-ce que l’on souhaite revendre la société ou la transmettre, faire une levée de fonds ou garder un auto-financement… Autant de questions qu’il faut se poser dès le début. » explique Lisa.
Clarifier les rôles et responsabilités de chacun
Identifier les compétences et les affinités de chacun est crucial pour définir les fonctions occupées. « Avec mon frère, nous sommes différents, ce qui est un avantage. Nous sommes très complémentaires et nous veillons à bien équilibrer notre charge de travail : à responsabilités égales, le travail doit l’être également » ajoute-t-elle.
Rédiger un pacte d'associés
La rédaction de la répartition des parts et des salaires est une étape indispensable. Un pacte d’associés, visant à réglementer les relations et responsabilités de chaque associé, peut également être rédigé. Il inclut notamment les modalités de prise de décision, la répartition des bénéfices et des pertes ou encore les conditions de cession d’actions ou de parts sociales. Cette étape permet de mettre en place un organigramme clair : « En interne, le reste de l’équipe doit savoir à qui s’adresser sur un sujet particulier » précise Lisa Nakam.
Anticiper chaque scénario
Le décès ou l’incapacité des dirigeants en cas d’accident ou de maladie ne signent pas la fin de l’entreprise mais entravent son bon fonctionnement. Ces imprévus doivent être anticipés pour éviter les situations de crise. « Même si cela semble inimaginable, il faut prévoir tous les scénarios. Pour cela, il faut être entouré de bons spécialistes : fiscaliste, comptable, conseiller en gestion de patrimoine… » conclut Lisa.
*Source : Institut Montaigne
Afin d’identifier la bonne cible et se différencier, les futurs repreneurs doivent être proactifs sur le “marché caché”. Grâce à l’accompagnement de la CCI Paris Ile-de-France, Laurent Benkiewicz a pu profiter de ce “marché caché” pour mener à bien son projet de reprise.