Tayeba Chaudhary, ambassadrice du changement pour un entrepreneuriat plus inclusif

Ingénieure commerciale de formation, spécialisée dans la création de filiales à l’international, Tayeba Chaudhary menait à New York une carrière stable et prometteuse. Devenir entrepreneure n’était pas son objectif premier. Mais, en travaillant sur le développement de filiales, elle se savait capable de lancer sa propre structure.
Lorsque son frère Hassan-Ali Chaudhary, data scientist, a détecté un énorme gaspillage dans les hôtels qu’il accompagnait, « nous avons su que nous tenions une idée qui avait du sens », explique-t-elle. Ainsi naît en 2022 Fullsoon, une entreprise familiale, fondée avec son frère et sa sœur Misba. 
Cette startup à impact positif propose aux restaurateurs un outil de prédiction « avec une précision de 94% » en transformant la data en levier de croissance.

Une entreprise au service d’une gestion plus responsable

Le succès de Fullsoon repose sur un constat simple : le gaspillage alimentaire coûte cher aux restaurateurs et nuit à l’environnement.
L’outil développé par Fullsoon utilise l’intelligence artificielle (IA) pour anticiper les ventes, le taux d’occupation, le type de plats et optimiser les stocks pour l’ensemble des acteurs de la restauration (commerciale et collective). Son objectif est de réduire le gaspillage alimentaire tout en minimisant l’empreinte carbone du secteur de la restauration. 
Par ailleurs, Fullsoon ne se limite pas à la réduction du gaspillage. L’entreprise a développé un outil de mesure de l’impact écologique à l’échelle des plats, en fonction des ingrédients utilisés. Elle précise : « Nous pouvons non seulement mesurer l’empreinte carbone d’un plat, mais aussi proposer des alternatives plus durables, sans en altérer son identité ».

Une innovation qui anticipe les nouvelles réglementations européennes sur la responsabilité sociétale des entreprises (CSRD), qui imposeront bientôt aux restaurateurs de justifier leur impact environnemental. Et même s’il subsiste une certaine période de flottement dans le calendrier de mise en œuvre, Tayeba Chaudhary relève que les acteurs de la restauration s’emparent du sujet et commencent à s’outiller pour anticiper. « Nous voulons être un partenaire clé pour les accompagner dans cette transition », affirme-t-elle.

Entreprendre sans réseau, un défi à relever

Si l’idée et la motivation étaient là, le chemin de l’entrepreneuriat n’a pas été de tout repos. « Quand on ne sort pas des grandes écoles et qu’on n’a pas de réseau, décrocher ses premiers contrats et convaincre des investisseurs est un véritable combat », confie la jeune entrepreneure. 
Par ailleurs, si l’expérience de Tayeba lui permettait de savoir comment organiser la prospection et négocier des contrats, elle avait moins de points de repère pour structurer l’entreprise.
Tayeba et ses associés rejoignent l’Escalator, un incubateur fondé par Maurice Lévy, dédié aux entrepreneurs sans réseau, ni financement. « Ce fut un véritable tremplin pour nous. L’accompagnement sur-mesure nous a permis de gagner un temps précieux et de poser des bases solides », souligne-t-elle.
D’obstacles surmontés en petites victoires, Tayeba voit avec satisfaction le chemin parcouru : « On a commencé, on était 3 dans la société, aujourd’hui, on est 17, c’est une belle fierté ». Satisfaction d’avoir créé un beau cocon dans lequel se retrouve famille et amis pour développer Fullsoon à une croissance maîtrisée. 

Un engagement fort pour l’égalité des chances

Issue d’un quartier prioritaire de la ville (QPV), Tayeba Chaudhary sait combien l’accès à l’entrepreneuriat peut être inégal. « Les entrepreneurs issus de la diversité n’ont pas les mêmes chances. Ils manquent de réseau, de financements et d’accompagnement, mais ils ont la niaque », constate-t-elle.
C’est pourquoi elle a toujours voulu redonner à ceux qui, comme elle, aspirent à entreprendre. Déjà impliquée dans plusieurs initiatives comme Diversidays, elle s’investit aujourd’hui pleinement dans le programme Boost Objectif Excellence de la CCI Paris Ile-de-France, qui accompagne les jeunes entrepreneurs des QPV.
« Avec de la motivation, l’envie d’apprendre et de réussir, on peut tout faire », affirme-t-elle avec enthousiasme. En tant qu’ambassadrice, elle participera aux événements majeurs du programme et compte bien – même si tout n’est pas encore calé – intervenir dans des formations sur la négociation ou la prise de parole.

Elle jouera également un rôle de mentor et de modèle pour les jeunes entrepreneurs. Elle s’est rendu compte de l’importance des “role model” quand elle a été classée parmi les 40 femmes les plus influentes par le magazine Forbes. « Des centaines de jeunes femmes m’ont contactée en me disant qu’elles s’identifiaient à mon parcours. Si je peux inspirer et ouvrir des portes, alors ma mission est accomplie », confie-t-elle.

À celles et ceux qui hésitent encore à se lancer, Tayeba adresse un message sans équivoque : « Il n’y a jamais eu autant d’opportunités d’accompagnement qu’aujourd’hui. La chance est donnée aux entrepreneurs issus de milieux modestes. Il faut la saisir et foncer. »
À celles et ceux qui doutent de leurs capacités, elle rappelle une chose essentielle : « Les limites sont dans la tête. Rien n’est impossible. Il faut commencer, oser, et voir jusqu’où on peut aller. » La réussite n’est pas réservée à une élite, elle est accessible aux personnes qui ont la volonté de défendre et de promouvoir leurs projets.
Au-delà du succès entrepreneurial, son plus grand souhait est de voir émerger une nouvelle génération d’entrepreneurs issus de tous horizons, prête à briser les barrières et à prouver que le talent et la détermination sont les seules vraies clés de la réussite.