La gestion du cash se matérialise par différentes périodes à distinguer, à savoir le très court terme (quotidien), le court terme (3 à 6 mois) et le moyen-long terme (6 à 18 mois).
Les entreprises continuent d’être soutenues par des mesures gouvernementales, comprenant notamment les apports en trésorerie des Prêts Garantis par l’Etat (PGE). Pour rappel, sur une enveloppe de 300 milliards d’euros, les banques ont distribué 135 milliards d’euros auprès de 630.000 entreprises en 2020. Les PGE constituent une trésorerie de précaution pour 65% des entreprises qui y ont eu recours en 2020.
Ainsi, selon une étude récente de la BPI(*), 55% des PME s’attendent à une stabilisation de leur situation de trésorerie, tandis que 36% redoutent une détérioration de celle-ci, mais elles étaient 46% dans ce dernier cas fin octobre 2020. La détente des délais de paiement contribue probablement à cette amélioration.
La liquidité à moyen et long terme se mesure en temps normal en évaluant le besoin de trésorerie par la mise en place d’outils prévisionnels et la réalisation de contrôles budgétaires par comparaison entre les prévisions et les flux réels.
Dans le contexte actuel, les entreprises, afin d’anticiper au mieux leurs besoins et pallier le manque de visibilité à court terme, peuvent construire des plans de trésorerie… mais la fiabilité de l’exercice demeure fragile.
Une gestion de trésorerie adaptée nécessite a fortiori d’entretenir des relations transparentes et une communication régulière avec ses partenaires bancaires.
De cette confiance, dépend en effet la sécurisation ou le renouvellement des lignes de crédit révocables parfois vitales pour l’entreprise (découvert, escompte, cession Dailly, crédits documentaires, cautions et autres concours CT).
Les entreprises, parfois sans réel besoin de cet apport de trésorerie court terme, ont décidé d’avoir recours à ces PGE pour sécuriser leur accès à la liquidité au cas où la situation perdurerait. 68% des PME ayant obtenu un PGE ont utilisé une minorité du prêt ou ne l’ont pas encore mobilisé.
Dans nombre de cas et pour des secteurs entiers (restauration, événementiel, tourisme, automobile, aérien etc.), les financements obtenus comblent un "cash burn" et s’apparentent à des crédits de restructuration. L’endettement financier des entreprises et leurs ratios bilantiels se sont dégradés en conséquence.
La principale contrainte réside dans la nécessité, pour ces entreprises manquant de visibilité, d’anticiper des flux de trésorerie futurs suffisants pour rembourser les prêts en cours selon une maturité à définir et, a fortiori, de convaincre leurs banques de leur accorder de nouveaux prêts lors du redémarrage de l’activité.
Les entreprises disposent de leviers pour optimiser leur trésorerie. Le Besoin en Fonds de Roulement (BFR), qui représente le décalage entre les décaissements et les encaissements de l’entreprise, doit être optimisé, voire financé.
En période de crise, la gestion dynamique du BFR est moins que jamais une option.
Ses composantes clients/stocks/fournisseurs doivent faire l’objet d’une analyse rigoureuse, afin :
- Dans un premier temps, de déterminer un Besoin en Fonds de Roulement (BFR) normatif cible cohérent avec les contraintes techniques et commerciales, et,
- Dans un second temps, d’agir sur ces postes de manière volontariste et durable, en associant, sensibilisant et motivant tous les services aux enjeux cash via des KPI largement diffusés.
Certaines décisions peuvent avoir des effets immédiats et sensibles sur le BFR : arbitrages sur les stocks (taux de service versus marge), actions sur le cycle de facturation et les performances de recouvrement, renégociation des durées de crédit clients et fournisseurs. Par exemple, sauf pour l’entreprise à endosser le rôle de banquier, les clients incapables de respecter les conditions de crédit négociées seront exclues ou mieux margés pour compenser leur impact BFR.
Les entreprises peuvent disposer de liquidités immédiatement disponibles grâce à la cession de créances commerciales auprès de factors, voire de leurs commandes depuis septembre 2020. Dans certaines configurations, les lignes de BFR peuvent être confirmées sur plusieurs années par les financeurs.
De même, la protection contre les impayés du poste clients, avec le recours à l’assurance-crédit, contribue à sécuriser les encaissements futurs.
Les entreprises à court de liquidités peuvent disposer également du report des charges sociales et d’autres taxes (pour cause de fermeture administrative ou de restrictions directes ou indirectes de leur activité à la suite des mesures prises par les pouvoirs publics) permettant ainsi de différer certains décaissements et donc réduire leur besoin de trésorerie immédiat. Néanmoins, il est primordial de pouvoir générer dans le futur des flux de trésorerie suffisants pour absorber l’ensemble de ces charges grâce à un niveau suffisamment soutenu d’activité.
Selon les critères retenus, les entreprises peuvent être éligibles à différents dispositifs de financements publics (aides et subventions), voire des crédits d’impôt à réclamer auprès de l’administration fiscale constituant ainsi une source de financement complémentaire.
Les conséquences de la crise sont encore difficiles à prédire mais les assureurs crédit et banquiers anticipent une forte dégradation du taux de défaut.
Si au premier trimestre 2021, 55% des dirigeants de PME/TPE déclarent souhaiter investir cette année… La décision de limiter ces investissements au renouvellement et/ou à la modernisation n’est pas porteuse d’accroissement des flux de trésorerie et corrélativement de capacité à surmonter le mur de la dette.
Les programmes de prêts participatifs en cours de définition par l’Etat devraient apporter un élément de réponse pour les entreprises éligibles.
Pour les autres, les difficultés risquent de survenir avec une acuité renforcée. Nombre d’entreprises vont devoir reconfigurer leurs financements sous la pression bancaire eu égard à la détérioration de leur profil de risque.
Article co-écrit avec notre Partenaire DIOT Financement, Stéphane SCHAKER (Directeur des opérations) & Olivier DHUIME (Directeur Général)