Le taux d’emploi des seniors en Ile-de-France inférieur à celui d’autres grandes régions européennes

La stratégie de coordination des politiques économiques Europe 2020 définie au sein de l'Union européenne (UE) pour la période 2010-2020 comportait, parmi ses cinq grands objectifs, l’ambition d’augmenter le taux d’emploi (celui-ci devait passer de 69 % de la population âgée de 20 à 64 ans à au moins 75 %) ; Europe 2020 ambitionnait de faire reposer cette amélioration du taux d’emploi dans l’UE notamment sur une plus grande participation des seniors (population âgée de 55 à 64 ans) au marché de l’emploi.

L’emploi des seniors est en effet un facteur essentiel au dynamisme économique : il a une portée sur l’emploi en général et sur le développement des entreprises. Le maintien des seniors en activité permet également de réduire le déséquilibre entre les personnes à la retraite et la population en âge de travailler dans certaines zones géographiques mais également de limiter les difficultés de recrutement et les pénuries de compétences dans certains secteurs.

De nombreuses réformes visant l’allongement de la vie active en Europe depuis le début des années 2000

Depuis le début du millénaire, des réformes concernant tant les politiques de retraite que celles de l’emploi ont été engagées dans de nombreux pays européens. Globalement, deux stratégies ont prévalu, les deux étant parfois cumulées.

La première stratégie a essentiellement consisté à réduire les prestations des régimes de retraite (relèvements de l’âge de départ à la retraite, allongements de la durée de cotisation, modifications du calcul de la retraite, révisions des dispositifs de cessation anticipée d’activité, etc. ; la seconde stratégie a reposé sur la promotion du « vieillissement actif » et donc sur l’incitation des seniors à travailler plus longtemps (primes au départ différé, réductions des cotisations liées à l’embauche de seniors, facilitation de la recherche d’emploi des chômeurs âgés, amélioration des conditions de travail, formation des seniors, etc.).

En France, l’emploi des seniors a notamment été au cœur des débats autour de la récente réforme des retraites.

Le taux d’emploi des seniors franciliens est supérieur de plus 9,0 points à celui observé au niveau national

Le taux d’emploi de la population de 55 à 64 ans est historiquement supérieur en Ile-de-France à celui observé au niveau national.

Ainsi, en 2000, le taux était de 38,6 % en Ile-de-France tandis qu’il était inférieur à 30,0 % (29,4 %) en France ; en 2021, il a atteint 65,2 % dans la région-capitale et 55,9 % au niveau national.

Le taux d’emploi des seniors en Ile-de-France très supérieur à celui des autres régions françaises

Si le taux d’emploi des seniors est historiquement supérieur en Ile-de-France à celui observé au niveau national, il est surtout nettement supérieur à celui de toutes les autres régions françaises.

En 2021, même si l’écart s’est légèrement réduit ces dernières années, le taux francilien restait supérieur d’au moins 6,4 points à celui de toutes les autres régions françaises.

Forte de sa nette progression depuis l’an 2000 (il a plus que doublé pour passer de 27,0 % en 2000 à 58,8 % en 2021), c’est la région Centre-Val de Loire qui enregistrait en 2021 le taux d’emploi des seniors le plus conséquent en France derrière l’Ile-de-France, devançant Auvergne – Rhône-Alpes (58,5 % en 2021) et Provence-Alpes-Côte d'Azur (56,5 %).

Plusieurs facteurs expliquent ce taux d’emploi de la population de 55 à 64 ans plus élevé en Ile-de-France que dans les régions de province. Le profil des Franciliens constitue une première raison ; en effet, ils sont en moyenne plus diplômés et sont entrés plus tardivement dans la vie active. Par ailleurs, la proportion de cadres est plus élevée en Ile-de-France ; or, ces emplois de cadres sont associés à des départs en retraite généralement plus tardifs (63,1 ans pour les cadres et 61,8 ans pour les ouvriers et employés qualifiés en moyenne, en France, sur la période 2018-2020 selon l’Institut des politiques publiques). Les migrations résidentielles des retraités franciliens vers la province contribuent aussi, mathématiquement, à augmenter le taux d’emploi de la population des seniors en Ile-de-France.

En hausse depuis 2000, les taux d’emploi des seniors restent hétérogènes d’une grande région européenne à l’autre

Comme en Ile-de-France, depuis l’an 2000, le taux d’emploi de la population de 55 à 64 ans s’est amélioré dans d’autres grandes régions européennes. En effet, en l’an 2000, le taux d’emploi des seniors dépassait les 40,0 % uniquement en Catalogne (41,4 %), en Bavière (40,6 %) et dans la région de Madrid (40,2 %) ; il était même cantonné à seulement 21,9 % en Lombardie. Ensuite, les augmentations du taux d’emploi des seniors ont été importantes jusqu’en 2021 ; toutefois, comprises entre + 18,8 points en Catalogne et + 34,6 points en Lombardie, elles n’en ont pas moins été hétérogènes. Si l’ampleur de la hausse observée dans la région italienne est liée à l’extrême faiblesse du taux en 2000, il est à noter que les 26,6 points d’augmentation du taux d’emploi des seniors franciliens se sont aussi avérés inférieurs aux + 31,2 points enregistrés dans le Land de Berlin, aux + 33,3 points observés dans la région d’Amsterdam et aux + 34,3 points affichés en Bavière, régions dont les taux avoisinaient le taux francilien en 2000.

Grâce à ces hausses depuis 2000, hormis en Lombardie (56,5 %), le taux d’emploi des seniors dépassait les 60,0 % dans les grandes régions européennes en 2021. Le taux de 65,2 % enregistré en Ile-de-France se trouvait en position médiane parmi ceux des grandes régions européennes, en étant en retrait comparativement à ceux observés dans le Land de Berlin (68,1 %), dans la région d’Amsterdam (71,2 %) et en Bavière (74,9 %).