Anne Dumesges : le parcours inspirant d’une femme dans la Tech

Témoignage

Encore sous-représentées dans certains domaines, les femmes ne sont que 32 %* des entrepreneurs en France. D’ingénieure à cheffe d’entreprise dans la Tech, Anne Dumesges raconte son parcours et livre ses conseils pour favoriser leur réussite.

La Tech au service de la réputation des entreprises

Après avoir travaillé 25 ans et progressé d’un parcours d’ingénieure à VP marques et innovation digitale dans des grands groupes, Anne Dumesges dresse un constat : une entreprise européenne sur deux pourrait être accusée de « greenwashing ». D’autres entreprises, pourtant très engagées, préfèrent ne pas communiquer sur leurs engagements par peur de mal faire : on appelle ça le « green-hushing ». La communication sur les valeurs, pourtant cruciale pour valoriser l’image de marque et renforcer la crédibilité face aux clients de plus en plus regardants sur le sujet, semble passer au second plan. En conséquence, les entreprises ne parviennent pas à évaluer la perception des parties prenantes sur leurs engagements, qu’elle soit positive ou négative.

En 2022, elle prend la décision de créer la plateforme SaaS NBS factory pour aider les entreprises à mieux gérer leur réputation en ligne : « Notre outil récupère les messages sur les réseaux sociaux et applique un filtre dont nous sommes propriétaires sur les thématiques ESG : environnementales, sociétales et de gouvernance. Nous utilisons ensuite une IA pour analyser les sentiments captés : positifs, neutres ou négatifs. L’objectif est de permettre aux entreprises d’analyser la perception de leur communication et d’anticiper les éventuels risques. ». Une innovation qui arrive à point nommé : depuis janvier 2024, la nouvelle directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) oblige les entreprises cotées en bourse à rendre un reporting extra-financier basé sur les critères ESG. Avec sa solution, Anne Dumesges souhaite démontrer l’impact positif d’une communication précise et efficace sur ces engagements, souvent vécue comme une contrainte pour les entreprises.

Pour remplir cette mission, elle s’appuie sur un diagnostic des données historiques de l’entreprise et sur un monitoring en temps réel des réseaux sociaux et médias digitaux. Afin de s’assurer de la véracité des engagements, elle fait confiance à un réseau d’experts et propose à ses clients des formations sur la communication éthique et positive. Qualifiée de « miroir magique » par sa créatrice, la solution proposée par NBS factory a pour objectif d’accroître la visibilité des actions vertueuses d’une entreprise tout en maîtrisant les risques associés de greenwashing et de stéréotypes. « C’est d’ailleurs pour cette raison que notre entreprise s’appelle « NBS factory » : No Bull Shit factory ».

L’entraide : une clé pour entreprendre au féminin

Hormis le facteur environnemental, la plateforme analyse les éventuels déséquilibres paritaires dans la représentation des femmes et des hommes sur les réseaux sociaux.

Selon la dirigeante, engagée pour la représentation des cheffes d’entreprises dans le milieu de la Tech, la question de la mixité est un élément clé : « Les préjugés et les biais cognitifs ont la vie dure et sont très ancrés chez les individus. Les lois pour la mixité et l’égalité professionnelle qui imposent des quotas aux entreprises sont selon moi de bonnes solutions : passer par des réglementations strictes permet de faire bouger les choses efficacement et rapidement ».

Pour structurer et faire évoluer son projet, l’ancienne ingénieure a d’ailleurs choisi de rejoindre le programme « Boost Entrepreneurs au Féminin » de la CCI Paris Ile-de-France. Cet accompagnement de 10 mois propose plusieurs ateliers encadrés par des experts, des séances de co-développement ainsi que l’accès à un réseau de dirigeantes pour s’inspirer et s’entraider.

De ce dispositif, Anne Dumesges retient une expérience positive. Il lui a permis de partager un vécu commun, d’échanger sur les éventuelles problématiques rencontrées et de s’inspirer de chaque trajectoire. Avec un parcours professionnel dans l’ingénierie et dans la Tech, des secteurs traditionnellement masculins, elle connait l’importance du partage d’expérience : « Il faut se retrouver entre femmes dirigeantes pour échanger sur les situations que l’on peut vivre. On se rend rapidement compte que nous vivons une expérience commune et que nous ne sommes pas seules à faire face à des remarques parfois sexistes ! C’est rassurant. »

L’importance du réseau dans l’aventure entrepreneuriale

Aujourd’hui lauréate des Business O Féminin Awards et fellow Empow’Her, Anne Dumesges souligne l’importance du réseau et des accompagnements dans son parcours entrepreneurial. La cheffe d’entreprise jongle avec toutes les spécificités de son profil. Elle a intégré tour à tour des programmes dédiés aux femmes, spécialisés dans la Tech ou dédiés à des projets à forte valeur environnementale. Elle avoue avoir privilégié les dispositifs encourageant l’entrepreneuriat au féminin : « Cela nous donne accès à des informations que nous n’avons pas autrement, comme les garanties bancaires pour les entrepreneures ! ».

Grâce aux différents accompagnements suivis, elle s’est constituée un précieux réseau. Il lui a notamment permis d’intégrer la délégation française des Women in Tech pour participer au Web Summit 2024, événement du numérique d’envergure mondiale. Une opportunité pour NBS factory qui souhaite élargir sa clientèle au niveau européen : « On sait qu’environ 50 000 entreprises seront concernées par la directive CSRD. Notre objectif est de convaincre 30% d’entre elles pour voir les sujets ESG évoluer, être plus crédibles et que cela puisse avoir un impact sur nos modes de consommation et sur l’attractivité des entreprises. »

Son conseil aux femmes entrepreneures ? « S’entourer de personnes bienveillantes et constructives, au niveau professionnel comme au niveau personnel, ce qui peut être facilité en passant par des accompagnements qui nous ressemblent. »


Source : baromètre Infogreffe 2022

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Reporting de durabilité extra-financière : à partir du 1er janvier 2024, une obligation étendue à davantage d’entreprises

La Directive européenne CSRD (« Corporate Sustainability Reporting ») du 14 décembre 2022 a pour objectif de renforcer l’engagement des entreprises en faveur du développement durable et notamment d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Pour cela, elle contraint progressivement de plus en plus d’entreprises à réaliser un reporting de durabilité extra-financière (RDEF) en plus du bilan financier annuel. La France a transposé la directive CSRD par l’Ordonnance du 6 décembre 2023.