En Île-de-France, 32% des entreprises sont dirigées par un entrepreneur âgé de 55 ans ou plus*. A moyen ou à long terme, ces entrepreneurs seront concernés par la transmission ou la cession de leur entreprise. Le marché de la reprise d’entreprise se montre néanmoins en difficulté, avec une majorité de jeunes entrepreneurs préférant créer leur propre entreprise.
Pourtant, reprendre une entreprise présente de nombreux avantages : un gain de temps pour le repreneur, la possibilité de bénéficier d’un chiffre d’affaires immédiat ou encore de pouvoir capitaliser sur une notoriété et un portefeuille clients déjà existants. La reprise peut également être un levier intéressant à activer dans le cadre d’une stratégie de croissance externe.
Pour réussir une reprise, il est nécessaire de définir précisément son projet, et de dresser le portrait-robot idéal de l’entreprise recherchée : son secteur d’activité, sa taille, sa situation géographique, sa santé financière, son climat social, ses perspectives de développement, etc. Ces démarches doivent être suffisamment anticipées : en moyenne, un rachat de société peut prendre jusqu’à 18 mois.
Dès la première étape et jusqu’à la finalisation du projet, des accompagnements d’experts et des formations existent pour aider le repreneur à mieux définir son projet et trouver la perle rare.
Après avoir défini son projet, il existe différents moyens pour trouver une entreprise à racheter. Tout d’abord, le marché « ouvert », accessible via des sites spécialisés, des bourses d’opportunités d’affaires ou encore des cabinets d’intermédiation privés. Cependant, ce marché ne représente que 30% des transmissions d’entreprises, car 70% se déroulent sur le marché « caché ». Pour des raisons de confidentialité, ce marché caché est celui sur lequel cédants et repreneurs se rencontrent sans que l’information de la vente de l’entreprise ne soit rendue publique.
Avant d’entamer les discussions avec le cédant, il peut être intéressant de lister des questions préalables : quels sont les potentiels et les risques de son marché ? quelle est l’évolution financière de l’entreprise depuis les 5 dernières années ? quelle est la situation sociale de l’entreprise ? son diagnostic juridique ? Il est également essentiel de se renseigner sur la sécurité et les contraintes environnementales de l’entreprise.
Ces éléments permettent d’analyser au mieux le potentiel commercial, stratégique, humain et réglementaire de l’entreprise et donc d’identifier ses points forts et ses points faibles pour espérer conclure une vente au meilleur prix.
Réglementée depuis 2006 par le Code civil, la lettre d’intention n’est pas une étape obligatoire. Elle est, cependant, nécessaire pour sécuriser l’opération de reprise.
Rédigée après les premiers échanges et avant de préparer une offre, elle permet de clarifier officiellement les intentions de rachat auprès du dirigeant cédant. La lettre d’intention est aussi un moyen de cadrer les négociations entre les deux parties d’un point de vue juridique et financier, et ainsi de rassurer le cédant sur les motivations et la bonne compréhension du repreneur.
Ayant une valeur juridique, il est recommandé de rédiger cette lettre aux côtés d’un professionnel du droit.
Lors de la reprise d’une entreprise, il existe différentes formes et montages juridiques possibles : entreprise individuelle (EI), société à responsabilité limitée (SARL), entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL) mais également différentes possibilités concernant le rachat de fonds ou de titres.
L’option retenue devra tenir compte de la gestion souhaitée, de la protection du patrimoine personnel ou encore des besoins de financement. Chaque statut et montage financier implique des obligations et des avantages spécifiques qu’il est nécessaire d’étudier en amont de la négociation, accompagné d’experts (avocats, comptables, auditeurs, conseillers...).
Outil incontournable, le business plan évalue la rentabilité potentielle et l’évolution de l’entreprise à reprendre. Il aide notamment à éviter les erreurs d’estimation et à convaincre d’éventuels financeurs de l’intérêt du projet.
Dans le cadre d’une reprise, il se construit en deux étapes principales : le diagnostic de l’entreprise et la présentation du projet. En plus d’être rédigé, il est recommandé d’imaginer un format présentable en 10 minutes à l’oral pour de potentiels investisseurs.
Une fois l’entreprise trouvée et le business plan établi, la recherche de financements peut commencer. Les fonds propres (apport personnel, famille, amis, investisseurs partenaires…) constituent le socle du projet et doivent représenter environ 30% du financement global.
Concernant le financement extérieur, plusieurs sources existent : investisseurs, prêts bancaires, prêts d’honneur, business angels... Mais également des aides publiques qui peuvent être activées auprès de Bpifrance ou de la Région Île-de-France.
Après les négociations entre repreneur et cédant, l’étape du protocole d’accord permet de formaliser les conditions de la cession. Il s’agit d’un acte juridique qui fixe les droits et les obligations des deux parties, détermine les conditions et modalités du projet de reprise et précise le reste du calendrier à venir. Dans le cas d’une cession d’un fonds de commerce, cet acte est plus communément appelé « promesse de vente » ou « compromis ».
Lorsque le protocole d’accord est signé, les dernières formalités administratives clôturent le rachat de l’entreprise : signature de la vente, déblocage des fonds, reprise des titres ou du fonds de commerce… La reprise peut enfin commencer pour le nouveau chef d’entreprise qui pourra mettre en place la transition pour rassurer les salariés et s’acclimater à sa nouvelle société.
* Source : panorama 2023 de la cession-reprise d'entreprises en Ile-de-France